Présent aux côtés de Stellantis, Volkswagen, Tesla ou encore Ford, le septième équipementier mondial soutient la transition vers l’électrique, alors même que des voix discordantes d'un grand nombre de constructeurs s’élèvent pour assouplir l’échéance de 2035.
L’arrêt des aides gouvernementales en faveur de l’achat des véhicules électriques est une erreur, estime Patrick Koller, directeur général de l'équipementier automobile Forvia (né de la fusion entre Faurecia et Hella). Pour le dirigeant, un tel changement de cap (en référence à la transition énergétique, ndlr), ne se fait pas de manière instantanée. « Cela prend du temps. On nous a demandé d’aller dans une direction. La Commission européenne a régulé en ce sens, explique-t-il dans une interview à nos confrères de BFM. Les États ne peuvent pas changer les règles du jeu du jour au lendemain. »
« Il faut aller plein pot vers l'électrique »
Selon lui, l’Europe doit aller « plein pot » sur la voiture électrique, soulignant qu’il faut atteindre une masse critique suffisante pour offrir aux consommateurs des solutions compétitives.
Reste que les constructeurs comme Mercedes et Renault confrontés à la réalité d’un marché de l’électrique poussif, temporisent aujourd’hui leurs ambitions. Ils ajustent leurs prévisions en matière d’électrification de leurs gammes. Un signe de la tendance actuelle, Peugeot a réarmé son Berlingo en moteurs thermiques. Volkswagen a présenté son nouveau Tiguan en version diesel, et Fiat songe à rééquiper sa 500e d’une motorisation à énergie fossile.
Un écart de prix de 10 % entre le véhicule thermique et électrique
L’explication serait pourtant davantage à chercher dans l’approche marketing des marques. Pour rendre les véhicules électriques attractifs, les constructeurs ont suréquipé les modèles, analyse le dirigeant. « Lorsqu’on dit que les voitures électriques sont 40 % plus chers (que le thermique), ce n’est pas à équipement identique. » Et de remarquer : « Les nouvelles générations seront plus proches en termes d’équipement. L’écart de prix va se réduire, probablement en dessous de 25 %. »
En ce qui concerne le coût des batteries, Patrick Koller évoque également un pic lié à des volumes de production relativement bas, et à des prix des matières premières élevés. À terme, l’écart de prix entre une voiture thermique et électrique sera de l’ordre de 10 %, estime-t-il. « Au regard de la différence de coût d’utilisation, 10 % devient possible et acceptable pour le consommateur. »
Un marché mature de 16,5 millions de véhicules en Europe
Dans ce contexte, confronté à la nécessité d’améliorer sa compétitivité, l’équipementier présent dans la fabrication des habitacles, des phares ou des échappements, s’est engagé dans une large restructuration. À la clef, 10 000 suppressions de postes (sur 75 000) d’ici à 2028. Un « ajustement » qui n’est pas sans rappeler les annonces récentes de Stellantis en matière de réduction de ses effectifs en Italie et aux États-Unis. Dès lors, difficile là aussi de faire machine arrière pour des industriels qui semblent avoir dépassé le point de non-retour.
Le dirigeant souligne par ailleurs, « le décrochage » du marché européen. En 2019, 21 millions de voitures étaient produites en Europe (incluant la Russie), contre 16,5 millions l’an dernier (hors Russie), un niveau de production équivalent au marché américain. La baisse structurelle de 20 % représente le nouveau volume, estime Patrick Koller. Un chiffre appelé à être stable, et à ne plus être dépassé, selon lui. « Ce n’est pas juste une baisse de la consommation, c’est un nouveau niveau mature européen. »