Mercedes prône une baisse des droits de douane pour les voitures chinoises en Europe

Mercedes prône une baisse des droits de douane pour les voitures chinoises en Europe

Le dirigeant de Mercedes prône une ouverture de l'Europe aux constructeurs chinois.

© Mercedes-Benz

Dans une interview accordée au Financial Times, Ola Källenius, CEO de Mercedes-Benz, a déconcerté l'industrie automobile européenne en adoptant une position complètement à contre-courant de la stratégie prônée par les constructeurs européens. Il a plaidé en faveur d'une réduction des droits de douane, arguant que le protectionnisme européen serait une orientation néfaste.

À contre-courant, le patron de Mercedes prône une baisse des droits de douane pour les constructeurs chinois. Cette position contraste avec l'initiative de la Commission européenne qui, à l'inverse, a activé un mécanisme pour augmenter les droits de douane sur l'importation des voitures chinoises en Europe.

Ouvrir les droits de douane pour une saine concurrence

Lors de cet entretien pour le média britannique, le 12 mars dernier, le dirigeant rappelait, en effet, que la compétitivité et l’innovation sont au-dessus des barrières tarifaires. D’après lui, abaisser ces droits plutôt que de les augmenter comme l’envisage la Commission européenne, favoriserait une saine concurrence, incitant à l’amélioration continue des produits et technologies automobiles. L’arrivée des marques chinoises en Europe serait, selon lui, une « progression naturelle de la compétition et on doit lui opposer de meilleurs produits, de meilleures technologies, et plus de flexibilité. »  Et d’ajouter : « C’est l’économie de marché. Il faut laisser la compétition se jouer. »

Un discours en opposition avec la position de l’ACEA

Même si Mercedes fait encore partie de l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA), cette position est en totale opposition avec celle défendue par l'association. Position que l’on retrouve dans le courrier adressé par son président Luca de Meo aux candidats aux élections européennes en début de semaine. En effet, face à l'avance des constructeurs automobiles chinois dans le domaine des véhicules électriques, ainsi qu'à l'accumulation de normes et de réglementations en Europe, Luca de Meo, directeur général de Renault et président de l'ACEA, a plaidé en faveur de la défense des industriels du Vieux Continent. Il a également souligné la dépendance de l'Europe à l'égard de la Chine pour ses approvisionnements en lithium, en nickel, en cobalt et de Taïwan pour ses semi-conducteurs.

Face à une concurrence qu'il juge déséquilibrée, le dirigeant préconise la mise en place d’un cadre clair et stable, soulignant : « Les Américains stimulent, les Chinois planifient, les Européens réglementent. » Il estime que, confrontée à la volonté de domination mondiale de la Chine et à la protection des intérêts américains, l'Europe doit inventer un modèle hybride.

La pression des constructeurs chinois

Défendant l’approche de partenariats public-privé sur le modèle d’Airbus pour favoriser la transition écologique, « un immense défi qui bouleverse l’industrie en profondeur », Luca de Meo préconise le lancement de dix projets européens dans des domaines stratégiques, comme les petites voitures, la recharge intelligente ou l'approvisionnement en matériaux critiques.

Et d’avancer la création de zones économiques vertes s'inspirant des zones économiques spéciales de Chine, concentrant subventions et investissements industriels grâce à une fiscalité et des charges salariales réduites pendant dix ans. Le dirigeant explique qu’une voiture du segment C « made in China » bénéficie en effet d’un avantage coût de 6 000 à 7 000 euros (soit environ 25 % du prix total) par rapport à un modèle européen équivalent.

Sur le plan commercial, la pression des constructeurs chinois n’a d’ailleurs jamais été aussi forte. L’an dernier, environ 35 % des voitures électriques exportées dans le monde étaient chinoises, selon les données de l’ACEA. Mais l’ouverture par l’Europe d’une enquête concernant les subventions directes ou indirectes versées par la Chine à ses constructeurs, pourrait conduire à une majoration des droits de douane dès l’été prochain. Pour le représentant de l’ACEA, la relation avec la Chine devra « être gérée ». « Leur fermer complètement la porte serait la plus mauvaise des réponses. »

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