La grande inquiétude autour des bornes de recharge électrique

Dans le cadre de l’objectif de décarbonation fixé par l’Union Européenne d’ici l’année 2030, les véhicules électriques (BEV) ont bien évidemment un rôle majeur à jouer en prenant peu à peu la place des véhicules thermiques. Depuis plusieurs années, la part des véhicules zéro émission a connu une croissance significative et continue à s'installer dans le paysage automobile en Europe. En 2023, ils ont obtenu une part de marché de 14,6 %, dépassant pour la première fois celle des moteurs diesel.

L’électrique tourne au ralenti en 2024

Mais depuis le début de l’année 2024, la tendance n’est pas franchement à la hausse. Entre la suppression du bonus environnemental en Allemagne, celle du bonus écologique pour les entreprises en France et les nombreux doutes qui subsistent encore sur l’électrique, la part de marché des véhicules « propres » a même diminué au premier semestre 2024 par rapport au premier semestre 2023 (passant de 12,1 % à 12 %), comme l’indiquent les chiffres publiés par l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA). Sur la même période, le diesel est même repassé devant.

Pas assez de bornes ?

Du côté de l’ACEA, on ne s’inquiète pas véritablement du nombre de véhicules électriques dans les années à venir, mais plutôt par celui des bornes de recharge. Lesquelles ont certes connu un petit essor, mais bien moins conséquent. « Nous sommes très préoccupés par le fait que le déploiement des infrastructures n’ait pas suivi le rythme des ventes de voitures électriques au cours des dernières années », regrette Sigrid de Vries, directrice générale de l’ACEA. Entre 2017 et 2023, les ventes de BEV ont augmenté trois fois plus vite que le nombre de bornes de recharge électrique installées au sein de l’UE.

Une augmentation nécessaire

Une situation préoccupante puisque l'augmentation du nombre de bornes est indispensable pour convaincre les conducteurs encore réticents à l’idée de passer à l’électrique. « Il faut une adoption massive des voitures électriques dans tous les pays de l’Union Européenne afin d’atteindre les objectifs ambitieux en matière de réduction des émissions de CO2. Cela ne sera pas possible sans une disponibilité généralisée des infrastructures de recharge publiques dans toute la région », a également ajouté Sigrid de Vries.

Augmentation du nombres de voitures électriques et de bornes de recharge dans l'Union Européenne depuis 2017. © ACEA

Les calculs sont aussi simples qu’effrayants puisque, toujours d’après l’ACEA, il faudrait multiplier le nombre de bornes installées à l'année par huit afin de garantir une offre optimale pour les utilisateurs. Pour l’heure, la Commission Européenne envisage d’installer 3,5 millions de nouvelles bornes de recharge d’ici la fin de la décennie, alors que l’ACEA estime qu’il en faudrait près de 9 millions à la même date. « Un accès facile aux bornes de recharges publiques n’est pas un avantage mais une condition essentielle pour décarboner le transport routier », conclut de Vries.