L'électrique souffle le chaud et le froid sur le marché automobile

Selon le bulletin mensuel fourni par la Plateforme automobile (PFA) à partir des données compilées par AAA Data, le marché français a enregistré 180 024 immatriculations de voitures particulières neuves (VPN) en mars 2024, contre 182 712 en mars 2023. Il convient toutefois de noter que le mois de mars 2024 comporte deux jours ouvrés de moins que mars 2023. Si l'on tient compte de ces deux jours ouvrés en moins, le marché serait en croissance de 8 %. Cette évolution s'explique par deux raisons principales : d'une part, mars 2024 bénéficie encore des effets du bonus 2023 – le montant du bonus écologique a été ramené à 4 000 euros à la mi-février. D'autre part, le mois de mars est généralement un mois fort, avec de nombreuses journées portes ouvertes organisées dans toute la France.

Le leasing électrique brouille le marché

Le marché automobile souffle le chaud et le froid depuis le début de l’année, et c'est encore le cas en mars 2024. Tout d'abord, l'élément perturbateur : le leasing électrique dont les livraisons des 50 000 modèles vendus du 1er janvier au 15 février se poursuivent encore ce mois-ci. Du côté du froid, on peut s'étonner de la persistance des ventes tactiques, puisque 30 % des immatriculations ont été réalisées lors des trois derniers jours du mois. Cette part importante ne correspond pas à de véritables ventes, mais plutôt à des allocations décidées par le constructeur vers la location courte durée ou les véhicules de démonstration. En fin de compte, pour avoir une idée réelle de la valeur du marché français, il faudra attendre la fin du printemps, lorsque les 50 000 voitures vendues en leasing seront écoulées et effectivement livrées.

Top 3 des modèles de véhicules électrifiés, mars 2024 (AAA Data)

30 % des immatriculations réalisées sur les trois derniers jours

« Le marché automobile "brut" en mars 2024 est en baisse - 1,47 %, mais corrigé de deux jours ouvrés en moins, il serait en croissance de + 7,91 % », analyse Julien Billon, directeur général de AAA Data. « Les deux derniers jours du mois ont connu des niveaux d’immatriculations très élevés en cumul de près de 40 000 unités tandis que 30 % du marché a été réalisé sur les trois derniers jours ouvrés du mois. L’électrification du marché automobile gagne encore 10 points par rapport à mars 2023 (électriques à 19 % de parts de marché, hybrides, mild hybrides et plug-in hybrides à 37 %) ». Et d’ajouter : « Le marché occasion "brut" de mars 2024 est en baisse mais reste en croissance depuis le début de l’année avec la poursuite du rajeunissement du mix des transactions dont les véhicules de plus de 10 ans représentent 47 % du marché ».

Les modèles électriques portés par le leasing électrique...

Les modèles électriques bénéficient de l'effet leasing électrique. Ils représentent désormais 19 % du marché (contre 16 % en janvier, soit seulement deux mois plus tôt), avec des immatriculations qui ont progressé de 11 %. L'engagement de campagne du président de la République, le leasing social, qui devait permettre aux ménages les moins aisés d'avoir accès à un véhicule électrique pour 100 euros par mois – par le biais d'une LOA (location avec option d'achat) –, a eu beaucoup plus de succès qu'attendu. Alors qu'un quota de 25 000 véhicules avait été prévu sur l'ensemble de l'année 2024, 50 000 véhicules ont été écoulés en moins de six semaines – poussant d'ailleurs l'État à mettre fin, dès la mi-février à ce dispositif.

Les modèles hybrides toujours en hausse

D'après les données fournies par AAA Data, rien ne semble pouvoir entraver la progression des motorisations hybrides : elles enregistrent une hausse de 23 % de leurs immatriculations et représentent à présent 37 % du marché. Dans le détail, les hybrides légères (MHEV) voient leurs immatriculations augmenter de 27 %, les hybrides non rechargeables (HEV) de 31 % et les hybrides rechargeables (PHEV) de 4 %.

Les modèles thermiques plombés par le malus

Les motorisations essence représentent 33 % d’immatriculations de voitures neuves et accusent le coup du durcissement du malus, effectif depuis le 1er janvier 2024 : leurs immatriculations baissent de - 18 %, alors que ces dernières affichaient encore une hausse de 24 % en mars 2023. Les modèles diesel, eux, accentuent leur déclin, avec une baisse de - 32 % de leurs immatriculations en mars 2024 (contre une baisse de - 6 % sur le même mois de l’année passée).

La location courte durée à la cote

En mars, les loueurs courte durée ont vu leurs immatriculations augmenter de 22 %, cette catégorie se préparant activement en vue des prochains Jeux olympiques. En revanche, des baisses ont été enregistrées du côté des particuliers (- 2 %), des sociétés hors automobile (- 19 %), des véhicules de démonstration & garages (- 2 %) ainsi que des loueurs longue durée (- 6 %).

Le marché de l’occasion tiré par les véhicules les moins polluants

En baisse de 3 % à 467 633 unités en mars, en raison des deux jours ouvrés de moins par rapport au mois de mars 2023, le marché de l'occasion reste positif depuis le début de l'année (+ 2 %) avec la poursuite du rajeunissement du mix des transactions. Les véhicules de plus de 10 ans représentent désormais 47 % du marché. Les modèles les plus vertueux en termes d'émissions polluantes rencontrent le plus de succès. Ainsi, les Crit'Air 0, qui correspondent aux voitures électriques, ont vu leurs immatriculations bondir de 49 % et les Crit'Air 1 de 10 %. Les Crit'Air 2, 3, 4 et 5 en revanche baissent respectivement de - 7 %, - 11 %, et de - 18 % pour les deux dernières catégories.