Fin du bonus écologique pour les flottes : l’Avere et les loueurs partagés entre craintes et optimisme

Après les responsables de parc, les conseiller en gestion de flotte et le programme EV100, c’est au tour de l’Avere-France d’émettre son avis concernant la fin du bonus écologique pour les entreprises et les collectivités. L’association nationale pour le développement de la mobilité électrique déplore ainsi « une erreur politique qui, si elle n’est pas corrigée ou compensée par d’autres dispositifs, aura des conséquences à long terme. » Pour cause, cette décision « risque de freiner la croissance du marché et de compromettre l'atteinte des objectifs ambitieux fixés par le gouvernement », souligne l'Avere-France.

Il faut dire que « cette décision prive les entreprises d’un soutien financier essentiel pour mettre en œuvre la transition de leurs flottes mais aussi réaliser les autres investissements associés nécessaires en termes d’infrastructures de recharge. » Dès lors, « la disparition de ce bonus [s’avère] en incohérence avec la récente proposition de loi visant à accélérer le verdissement des flottes automobiles », regrette l'Avere-France. En plus de « fragiliser encore plus un écosystème grandissant dont la pérennité est une des clefs de la décarbonation de notre économie. »

Haro sur le VO

L'Avere-France alerte également sur « l’importante contribution des flottes d’entreprises dans la dynamique du marché de l’occasion. » Or, « la suppression du bonus prive donc le marché d'une source importante de véhicules d’occasion à terme, alors que 6 Français sur 7 ont recours au marché de la seconde main », met en garde l’association.

Qui, par conséquent, appelle à « une vigilance accrue sur le bon développement du VO, vecteur de la démocratisation massive des véhicules électriques. » « Dans un contexte de finances publiques contraintes, les dispositifs d’aides doivent être les plus pertinents par rapport aux objectifs poursuivis [car] l’instabilité et l’absence de planification nuisent grandement à la confiance des acteurs », conclut l’Avere-France, rejoint dans ce constat par la plupart des loueurs.

Une (légère ?) pression sur l'électrification

Margy Demazy, directrice commerciale d'Arval France, le concède : « La suppression du bonus écologique pour les véhicules d’entreprise n'est assurément pas une bonne nouvelle pour la transition des flottes vers l'électrification alors même que les entreprises ont besoin, plus que jamais, de mesures incitatives pour accompagner son adoption et son déploiement avec la pose de bornes, l’infrastructure de recharge, etc. » Sans nul doute, « cela va donc naturellement créer de l’inertie dans la prise de décision pour les sociétés [puisque] ce décret du 13 février 2024 suscite de l’incohérence par rapport à la loi LOM, passant d’une logique incitative à une logique punitive. Bref, accélérer et freiner en même temps peut entraîner, dans ce contexte, une sortie de route », image très justement Margy Demazy.

Responsable marketing & business development de la filiale France d'Alphabet, Laurent Petit, admet quant à lui que la nouvelle « a surpris tout le monde. Même si nous savions que le bonus allait s’arrêter à un moment donné, nous pensions que cela arriverait plus tard. » Heureusement, « le bonus demeure en vigueur pour les véhicules utilitaires qui ont besoin de plus de soutien pour leur diffusion auprès des entreprises », tient-il à rappeler. De fait, « ce qui est certain, c’est que cette fin du bonus ne mettra pas un coup d’arrêt total à l’électrification des flottes, qui va finir par repartir bien qu’avec un délai de remise en route étant donné que, par effet de capillarité avec la directive CSRD et la RSE au cœur des stratégies d’entreprises, les professionnels vont continuer à diminuer leur empreinte CO2. Je ne suis donc pas inquiet vis-à-vis de la continuité du développement des VE », confie Laurent Petit.

La LLD prête à assurer le SAV

Enjoignant les gestionnaires de flotte à se rapprocher des loueurs afin d’avoir un éclairage nécessaire sur ce contexte chahuté, Laurent Petit plaide pour l’intérêt des acteurs de la LLD à « expliquer aux clients flottes ce que cette fin du bonus va leur coûter en termes de TCO. » « Il y a en effet autant d’entreprises que de solutions à mettre en face mais un seul objectif, incontournable : la maîtrise des coûts. Or, il y a forcément un coût au changement. L’essentiel est donc de conserver une certaine stabilité financière dans l’offre de mobilité actuelle, revue à la hausse en ce moment », préconise l’expert d'Alphabet.

Quant à la hausse estimée à 5 % du TCO, « c’est une moyenne, pour certains ce sera plus et pour d’autres moins car la loi de roulage et les besoins sont différents suivant les flottes. Néanmoins, ce chiffre donne une indication et requiert de l’anticipation car il y aura d’autres mesures contraignantes qui seront mises en place par la suite alors n’attendons pas, changeons les modèles de mobilité dès maintenant afin d’éviter qu’ils soient plus difficiles à faire accepter aux collaborateurs une fois qu’il n’y aura plus le choix », conseille Laurent Petit.