
Ne dites plus « TomTom Telematics » mais « Webfleet by Bridgestone » Cette opération, d’un montant de 910 millions d’euros, annoncée début janvier et validée par les autorités compétentes début avril, rappelle étrangement un autre rapprochement de la sorte survenu au début de l’année 2019. Principal concurrent de Webfleet, le télématicien Masternaut tombait alors dans l’escarcelle d’un autre pneumaticien : le groupe Michelin. Des mouvements qui sont loin d’être anodins.
>> À lire aussi : TomTom Telematics : rachat finalisé par Bridgestone
À l’heure où les ventes de pneus sont en chute libre [avec une baisse de 3,6 % sur le seul premier trimestre 2019, le marché ne s’est jamais aussi mal porté depuis 2012, selon nos confrères de Décision Atelier les leaders du secteur cherchent de nouveaux relais de croissance.
Inversement, les acteurs de la télématique entendent renfoncer leur présence et capter de nouveaux clients. « Avec l’avènement prévu de la 5G et de l’Internet des objets (IoT), tout le monde aujourd’hui veut prendre position sur le marché de la data. Alors, celui qui détient le savoir-faire veut pouvoir grappiller des parts de marché et le conquérir par de nouveaux services », résume Annick Renoux-Mallet, directrice commerciale de Webfleet Solutions.
Si TomTom Telematics a accepté de se rapprocher de Bridgestone pour grandir, que peut donc bien apporter le télématicien au géant japonais ? « Bridgestone est là pour répondre aux nombreuses attentes de ses clients. L’entreprise n’est plus uniquement un manufacturier, un fournisseur de pneus, mais un fournisseur de mobilité. L’idée de ce rapprochement entre TomTom Webfleet et Bridgestone est d’avoir un panel de solutions autour du véhicule pour assurer la mobilité des clients », explique Taco van der Leij, vice-président marketing de Webfleet Solutions.
« Continuer à cibler tous types de flottes »
Ce dernier rappelle d’ailleurs que les investissements importants en matière de télématique ne concernent pas les particuliers mais sont l’apanage « des entreprises, des grands acteurs de la logistique et de plus en plus des services d’auto-partage ». En ciblant ainsi de nouveaux prospects, Webfleet Solutions, fort déjà de 50 000 clients en Europe, entend « passer du statut de précurseur à celui de leader » , de la télématique embarquée à en croire le slogan apposé sur le nouveau film publicitaire de la marque. « Bridgestone propose déjà des outils de télématique afin notamment de surveiller la pression des pneumatiques des poids lourds. L’alliance avec TomTom Telematics va permettre de mieux valoriser les données collectées. L’entreprise est naturellement présente sur le marché des poids lourds, mais l’idée est d’accélérer la présence des marques sur les véhicules de gammes inférieures comme les utilitaires légers, d’autant que la réglementation est amenée à évoluer » fait valoir Annick Renoux-Mallet.
L’Union européenne songe en effet à rendre obligatoire, sur tous les VUL, un indicateur de charge alertant le conducteur dès que la charge utile du véhicule est dépassée. Avec ses différents capteurs, Webfleet Solutions est déjà en mesure d’informer les gestionnaires de parc d’une éventuelle surcharge des véhicules connectés.
>>> À lire aussi : Adas : l’Europe rend obligatoires de nouveaux équipements
« Les discussions sont également ouvertes concernant la généralisation de systèmes d’antidémarrage plus poussés et l’installation de tachygraphes », rappelle Annick Renoux-Mallet, qui voit là autant d’opportunités à saisir pour sensibiliser dès à présent les gestionnaires de parc à ces futurs changements et ainsi faire de la pédagogie auprès des conducteurs.
Quid de l’acceptabilité de la télématique ?
« On ne va pas uniquement collecter de la donnée. On lui donne de la valeur en remontant les informations jusqu’au conducteur. Ce dernier peut voir en temps réel ou a posteriori ses “scores de conduite” pour se remettre en question ou perfectionner son comportement au volant. Grâce à la cartographie TomTom embarquée à bord de nos supports, nous aidons aussi les conducteurs à effectuer plus sereinement leurs trajets », précise Annick Renoux-Mallet. Encore faut-il que les collaborateurs n’opposent pas de résistance à l’installation de boîtiers à bord de leurs véhicules. « Il ne faut pas que la télématique soit un système de flicage des salariés », met en garde la directrice commerciale. Pour que son déploiement se passe bien, il faut que cela soit présenté « comme un projet d’entreprise » , donc que « les délégués du personnel et les collaborateurs concernés » soient associés.