
Clotilde Delbos, directeur général par intérim de Renault, ne cache pas que l’année 2019 fut « perturbée »… Sans surprise, elle s’achève donc sur des résultats plutôt mauvais, symbolisés par la première perte nette depuis dix ans. Le résultat net part du groupe est dans le rouge, à - 141 millions d’euros (- 0,52 euros par action contre 12,24 euros par action en 2018). Le chiffre d’affaires du groupe atteint 55,5 milliards d’euros (- 3,3 %), tandis que le chiffre d’affaires de l’Automobile, hors Avtovaz, s’établit à 49 milliards d’euros (- 4,2 %). « Cette baisse s’explique par un effet volume négatif de - 1,4 point, notamment lié au recul des ventes en Argentine, en Turquie et en Algérie », précise un porte-parole de Renault par voie de communiqué. Par ailleurs, « la marge opérationnelle du groupe s’élève à 2,6 milliards d’euros et représente 4,8 % du chiffre d’affaires, contre 6,3 % en 2018. La marge opérationnelle de l’Automobile, hors Avtovaz, est en baisse de 920 millions d’euros, à 1,2 milliards d’euros, soit 2,6 % du chiffre d’affaires, contre 4,3 % en 2018 ».
Les échecs en Chine ont un coût
Notons encore que « la contribution des entreprises associées s’élève à - 190 millions d’euros, contre + 1,5 milliard d’euros en 2018. Nissan contribue positivement, à hauteur de + 242 millions d’euros (ndlr : une contribution en baisse), tandis que la contribution des autres entreprises associées (- 432 millions d’euros) a été fortement pénalisée par la contre-performance de nos joint-ventures chinoises ayant aussi entraîné des dépréciations de valeur » et que « le free cash-flow opérationnel de l’Automobile, y compris Avtovaz, est positif à hauteur de 153 millions d’euros », notamment grâce à RCI.
2020, morne plaine
A l’évocation de 2020, la direction du groupe se montre prudente, précisant aussi que cette guidance n’intègre pas les éventuels impacts de la crise sanitaire du coronavirus : « Le marché automobile mondial devrait être en baisse cette année, avec un repli de l’Europe d’au moins - 3 %, de la Russie d’environ - 3 % et une hausse du marché brésilien de l’ordre de 5 % ». Et d’ajouter : « Dans ce contexte de faible visibilité, notamment liée à la réglementation CAFE en Europe, et d’une forte hausse des amortissements liés aux investissements pour préparer l’avenir, le groupe Renault vise un chiffre d’affaires du même ordre qu’en 2019, à taux de change constants, une marge opérationnelle de 3 % à 4 %, et un free cash-flow opérationnel de l’Automobile positif avant prise en compte des coûts de restructurations ».
Vaste plan de restructuration
Restructuration, le mot est lâché. De fait, Renault prépare une cure d’austérité, qu’on devinait déjà dans en filigrane des déclarations récentes du président Jean-Dominique Senard. Le groupe va chercher à réduire d’au moins deux milliards d’euros ses coûts de structure en trois ans, soit une baisse d’environ 20 %, en optimisant son outil industriel, en revoyant ses relations avec ses sous-traitants et en passant en revue ses actifs non stratégiques. Ce plan de restructuration sera présenté en mai 2020, au même moment que celui de Nissan, ce qui n’a rien d’un hasard de calendrier. Luca de Meo, qui prendra officiellement ses fonctions de directeur général en juillet, aura pour principale mission de l’exécuter. Un rôle complexe, car Clotilde Delbos n’a pas cherché à occulter le fait que ce plan aurait un douloureux volet social. « Il est clair que nous n’arriverons pas à réduire ainsi les coûts sans que cela touche la moindre personne des 180 000 employés de Renault. Malheureusement, ce sera une évidence », indique-t-elle, avant d’enfoncer le clou en n’excluant pas des fermetures d’usines : « Nous n’avons aucun tabou et étant donné que nous avions peut-être un peu trop de capacités pour des visions en terme de volumes plus élevées que ce que nous avons aujourd’hui ».